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"Prisonnier de la caverne, me voici seul en face de l'ombre du monde. Qui suis-je et que puis-je faire sinon entrer dans le jeu des feuillages et de la lumière. Si j'essaie de m'atteindre, c'est tout au fond de cette lumière.
Et si je tente de comprendre et de savourer cette délicate saveur qui livre le secret du monde, c'est moi-même que je trouve au fond de l'univers. Moi-même, c'est à dire cette extrême émotion qui me délivre du décor. "
Albert Camus
La légende du rocher de la baleine : à inventer...
Le vieil homme et l'enfant avaient quitté le village à la pointe du jour. Sa petite main calée dans la vieille pogne du papi, ils marchaient sans un mot. Passés les dernières maisons ils avaient bifurqué, prenant le sentier des vieux oliviers. La vigne buvait les dernières gouttes de rosée. Dans quelques heures un voile brûlant recouvrirait les murets. L'enfant se taisait. Ils arrivèrent au rocher de la baleine.
Le vieil homme avança pour trouver le meilleur angle de vue. Il s'assit sur un bloc de pierre et l'enfant pris place entre ses genoux.
Ses doigts suivirent la ligne courbe.
Babeth
Extrait retrouvé dans les annales de l’Inquisition du prieuré de Villeneuve-lez-Avignon
En cette nuit du solstice d’été de l’an 1001, la dénommée Anna de Beaumes – qui, condamnée en sorcellerie, finira brûlée vive sur le bûcher le 6 octobre 1002 – reçut lors d'une vision nocturne l’histoire réelle et véridique du Rocher de la Baleine, sis en la contrée de Beaumes-de-Venise.
La dame Anna tenait cette révélation d’un elfe - dont elle était alors l’une des rares de la contrée à comprendre le langage – qui la tenait lui-même de son ancêtre Mère Sirène, témoin des faits énoncés ci-dessous.
« Nous, peuples des mers originelles aujourd’hui disparues, avons prévenu pendant des décennies que l’eau se retirerait des contrées septentrionales. Les signes avant-coureurs étaient pourtant précis et évidents.
En ces années longues comme des siècles, la décadence des espèces avait atteint son paroxysme. Le peuple des mers n’écoutait plus les augures et refusait tout sacrifice à la Grande Mère universelle. Ainsi, lorsque la baleine géante est venue s’échouer ici, à quelques mètres de profondeur. Malgré leurs efforts, rien n’a pu la sauver de la Métamorphose. Devenue Rocher, elle indiquait on ne peut plus clairement la fin des Temps… »
Christine
Noé avait sauvé du déluge des couples dispersés. La pluie avait renoncé. Le calme était revenu après la tempête.
Les eaux avaient envahi les terres. N’apparaissait que la pointe de quelques rochers.
Il libéra les baleines, elles frayaient à présent dans la région autrefois plantée de vigne et d’olivier. Le soleil s’acharna à assécher des zones entières. Les baleines - ou était-ce des cachalots ? - se multiplièrent puis s’en allèrent par les fleuves et les rivières jusqu’au delta, jusqu’à la mer. Elles fuyaient les vallées qui reverdissaient. Il y poussa même des câpriers.
Une d’entre elles qui ne croyait pas au ciel, décida de rester. Elle s’entendit si bien avec le sable laissé par la mer retirée, qu’elle finit par se fossiliser dans le safre. C’était dans un petit pays de Vaucluse qui bien plus tard fut appelé Beaumes à cause des cavités creusées par les Hommes dans la roche pour s’abriter. L’histoire du nom accolé de Venise, je vous la raconterai une autre fois, mais de grâce laissez la Sérénissime tranquille, elle n’a rien à voir avec tout ça !
Toujours est-il que notre baleine rêve parfois de l’océan sans jamais toutefois regretter son choix ! Elle me l’a dit tant de fois que je peux à présent vous confier cette légende que vous pourrez à votre tour raconter à tous ceux qui ont le cœur aussi tendre que ce rocher.
Colette
Le prodige de la paréidolie
Petit, qui t’a parlé du Rocher de la Baleine ? Tu répètes ce que la rumeur charrie depuis la nuit des temps. Regarde mieux, viens près de moi, hisse-toi sur la restanque qui domine la vigne et les oliviers. Pose-toi sur cette pierre. Regarde bien, plisse les yeux. Maintenant, tu le vois le profil de l’homme ? Tu la vois la tête de l’homme au nez crochu ?
Petit, n’écoute pas celui qui répète. Le poète te le dit aussi : « Ne redis pas ce que le vent t’a soufflé, à part peut-être la liberté puisqu’il court après.* » Et c’est bien une histoire de liberté, celle qu’on brime qui a transformé l'homme au nez crochu en baleine. Ecoute bien !
Il y a longtemps un peuple fut chassé de toutes les terres où il voulait prendre racine. Même la Sainte Espagne les expulsa et notre beau royaume de France fit de même. En ce temps là, le pape était installé dans le Comtat Venaissin. Contre toute attente, il décida de les accueillir. Les juifs, car c’est bien d’eux qu’il s’agit, n’étaient plus pourchassés mais bénéficiaient d’une liberté toute relative, obligés qu’ils étaient de vivre dans des ghettos et de limiter leurs activités à la friperie et à l’usure.
En ce temps-là, contre l’avis du pape, les habitants de Beaumes-de-Venise ne voulaient pas des juifs dans le village. Ils en barrèrent l’entrée par une énorme roche allongée prenant la forme d’un profil d’homme au nez crochu. A l’époque, les plus acharnés contre les juifs firent courir le bruit que tous les juifs avaient un nez long et crochu. Certains pensaient même que c’était la marque de leur méchanceté et leur cupidité. Ce rocher effrayant était une défense solide, réputée imprenable et tenait lieu d’avertissement à tous ceux jugés indésirables. Il y eut à cette époque beaucoup d’injustices et de souffrances.
Cette histoire, petit, n’est pas à la gloire de notre beau village. La tradition préfère la passer sous silence. Aujourd’hui, tout le monde préfère raconter l’histoire du Rocher de la Baleine, cette belle curiosité géologique, ça instruit les amateurs et rassure les curieux !!!!!!
Et le prodige, petit, c’est que ça marche car le rocher en question détient le pouvoir donné à certaine paréidolie d’avoir plusieurs formes.
Selon l’époque, tu racontes une histoire ou une autre !! Selon ton point de vue et ton ressenti aussi !!
Mais, petit, cherche toujours à connaitre le dessous des apparences. Ne te contente jamais d’une seule histoire, même les rochers peuvent être à double tranchant !
Josiane
*Alain Serres. - N’écoute pas celui qui répète. Ed. Cheyne Editeur. Poèmes pour grandir. 2000.
"Je ne veux qu'une seule leçon
c'est la tienne fontaine
qui en toi-même retombe."
Rainer Maria Rilke
Continuez !
Je veux comme toi, sans façon,
goûter l'air du temps,
m'éparpiller en mille gouttelettes
et connaître un millier de passions...
Je veux comme toi
faire de l'air un arc en ciel
et parsemer le temps
de mille instants de bonheur...
Je veux comme toi
devenir ce que je suis
un maillon dans la chaîne humaine,
une goutte d'eau au sein de l'océan.
Aline
Où vas-tu visage ? Je vais à la ville
Que regardes-tu ? Je regarde les nuages qui dansent
Qu’est-ce que tu attends ? J’attends l’aube naissante
Christine
Vigie du visible et de l'invisible, écriture libre